Dans la plupart des pays de l’OCDE, les vingt dernières années ont été marquées par le mouvement de la nouvelle gestion publique (NGP), lequel a contribué à métamorphoser en profondeur les pratiques de management et de gestion des ressources humaines (GRH) (Pollitt and Bouckaert 2009). Ce mouvement souvent appelé managérialisme a engendré de vifs débats dans la communauté scientifique de l’administration publique (Chanlat 2003), du fait que l’importation de méthodes issues du monde des
entreprises privées ne posait pas seulement la question de la pertinence de ces méthodes, mais aussi celle des valeurs et modes de légitimité de l’action publique (du Gay 2005). Il a toutefois fallu attendre les années 2000 pour que la dimension culturelle des projets inspirés de la NGP soit clairement mise en exergue (Schedler/Proeller 2007). Un questionnement qui a poussé de nombreux auteurs et auteures à discuter les valeurs au fondement de l’éthos public, en soulignant la compatibilité difficile de ces valeurs avec celles du monde marchand (Fortier/Emery 2010).
Cet article s’inscrit dans ce courant de recherche, pour montrer dans quelle mesure des intervenantes et intervenants socio-éducatifs provenant d’organisations à mandat public présentant un degré de managérialisation variable montrent des niveaux de satisfaction et de motivation différenciés.
Après avoir présenté brièvement les nouvelles pratiques de GRH inspirées de la NGP, et développé les dilemmes que leur mise en œuvre pose pour les agentes et agents publics concernés, nous présentons les résultats d’une analyse comparative issue des données récoltées lors de la réalisation d’une enquête anonyme de satisfaction auprès des membres du personnel de ces organisations. A la faveur des résultats mis en évidence, une discussion sur les liens entre managérialisation et satisfaction/motivation est conduite, ainsi que des pistes de recherche identifiées.
Author(s): Yves Emery, Julien Niklaus
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