[Articles] L’abus entre droit, morale et politique.

La notion d’abus se présente d’emblée comme une notion polysémique. Ce n’est manifestement pas en un même sens que l’on parle d’abus de biens sociaux pour désigner un certain type de délit bien défini par le droit, que l’on diagnostique un abus de drogue ou d’alcool, que l’on dénonce les abus aux prestations sociales en suspectant un détournement des finalités d’un dispositif institutionnel, ou encore, que l’on reproche à un ami d’abuser de l’hospitalité qu’on lui offre. Dans tous les cas, il s’agit certes d’un dépassement des limites, mais la nature des limites, de même que celle du dépassement, diffèrent du tout au tout. Dans le premier cas (abus de biens sociaux), qui relève de l’acception juridique de l’abus, la nature de la limite est expressément fixée par la loi et en des termes assez précis pour qu’il soit possible de déterminer sans équivoque si elle a été franchie ou pas. Dans le second cas (l’abus de boisson par exemple), qui relève d’une acception médicale, ce sont les conséquences physiologiques ou psychologiques du franchissement de lalimite qui permettent de conclure sans équivoque qu’il y a eu franchissement. Dans les deux derniers cas (prestations sociales et hospitalité), au contraire, la nature de la limite est tout aussi indécise que le franchissement de la limite est équivoque. L’abus se présente alors comme un dépassement ambigu des limites de l’usage légitime d’une règle sociale.

Pour analyser ce dernier type d’abus et les conflits auquel il donne lieu, je procéderai en quatre étapes. Dans un premier temps, je chercherai à caractériser le problème normatif spécifique qu’il pose. Dans un deuxième temps, je distinguerai différentes formes de critique des abus. Dans un troisième temps, j’analyserai le problème des abus au travail, en m’appuyant sur L’Echo de la Fabrique, le premier journal ouvrier en France et au monde, paru à Lyon entre 1831 et 1834. Enfin, je poserai la question du sens de la critique des abus à l’âge du néolibéralisme.

Author(s): Emmanuel Renault

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[Articles] Assurance chômage, normativité et travail social. Premières réflexions.

Cet article se concentre sur la dimension normative des régimes de sécurité sociale à partir de l’analyse des systèmes de protection contre le chômage dans 11 pays européens. 11 s’agit d’une étape à situer dans le cadre d’une réflexion en cours concernant l’impact de cette normativité sur le travail social.

Après avoir exposé la méthodologie de cette recherche et ses limites, nous allons étudier ce que la base empirique principale sur laquelle nous avons travaillé diffuse comme normes. Nous examinerons ensuite les prestations de chômage des 11 pays examinés afin de faire ressortir leur pourtour normatif à partir des conditions statutaires d’accès aux prestations, de la valeur donnée par le dispositif à l’emploi, des types d’emploi pris en considération et de la manière dont l’assurance considère les rôles parentaux. Nous conclurons en expliquant brièvement les pistes de recherche que nous suivons afin de mieux documenter la question du rôle du travail social dans la production de la normativité des régimes de sécurité sociale.

Author(s): Jean-Pierre Tabin

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[Articles] La réflexivité dans et sur l’action. Enjeux pour la professionnalisation des travailleurs sociaux.

La réflexivité est un thème qui s’inscrit dans le champ des théories de l’action, et de fait intéresse la philosophie, et dans des champs de recherche appartenant à différentes disciplines des sciences humaines. En questionnant les rapports entre pensée et action, entre conscience et action, ou encore entre pensée et langage, la réflexivité ou ce qu’on dénomme aussi la réflexion sur l’action se trouve au cœur de débats épistémologiques séculaires avec en toile de fond le rapport entre théorie et pratique. Nous souhaitons pointer quelques éléments que suscite notre réflexion sur le thème de la réflexivité dans l’action pour discuter ensuite ses enjeux pour la professionnalité des travailleurs sociaux.

Nous commencerons parmettre en évidencele récent intérêt porté, dans la littérature consacrée à la professionnalisation en travail social, aux conditions effectives du métier et à l’expertise déployée en situation. Un lien sera fait avec l’alternance comme dispositif privilégié de formation en travail social. Nous nous arrêterons ensuite sur le modèle du praticien réflexif de Schön afin d’examiner la modalité de la réflexivité dans et sur l’action valorisée dans la formation des travailleurs sociaux comme dansbien d’autres métiers de l’humain. Nous identifierons quelques-uns de sesenjeuxépistémologiquesentant qu’ils interrogent àleurtour les enjeuxde ce modèle pour la formation professionnelle. Nous aurons ainsi l’occasion de questionner l’usage du praticien réflexif initialement pensé comme modèle d’action et qui s’est généralisé comme modèle idéal de professionnalité en travail social avec l’essor de la logique de l’alternance.

Author(s): Sylvie Mezzena

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[Articles] La place des référentiels théoriques dans l’action.

Cette réflexion émane d’un des axes d’une recherche que nous venons de terminer. Le thème de celle-ci était centré sur les pratiques significatives en animation socioculturelle, en Suisse romande et au Liban. Depuis plusieurs années, nous avons mis en place des échanges avec des collègues libanaises de l’Université Saint-Joseph à Beyrouth et les similitudes repérées entre nos deux pays, quant à la formation des animateurs et animatrices socioculturelles et aux terrains dans lesquels s’insèrent leurs pratiques, nous ont incitées à les analyser à partir d’espaces culturels différenciés et à dégager les transversalités et les spécificités dans nos pratiques respectives. L’évolution des métiers du travail social, et particulièrement l’arrivée de formations à plusieurs niveaux demande à redéfinir les degrés de qualification. C’est dans ce contexte que nous avons souhaité montrer la richesse de l’activité analysée pour tenter d’en repérer la complexité. La méthodologie de recherche que nous avons choisie est celle de l’autoconfrontation croisée, issue du champ de l’analyse de l’activité, qui consiste à analyser les pratiques de manière conjointe entre professionnels et chercheurs. Nous présentons cette méthodologie avant d’aborder la thématique principale de cet article.

Author(s): Claudia della Croce, Joëlle Libois

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[Articles] Supervision et analyse de la pratique. Une pensée de la pratique. Point de vue psychanalytique sur l’analyse de la pratique professionnelle en travail social.

La présente contribution s’inscrit dans une réflexion sur l’action professionnelle, considérée comme un agir au potentiel créatif marqué par une part importante d’irrationnel. Ou, une action définie comme un agir anticartésien selon les termes de Joas (1996). Ma réflexion tente de souligner les liens entre affects et conditions d’émergence de la pensée, autrement dit entre corps et activité de pensée. Penser une pratique professionnelle est ici situé dans la tension entre le désir – le désir d’aider autrui – et une finalité, dont une part « visible » se trouve dans l’accompagnement d’un client. Dans ce cadre d’intervention, nous considérons que l’action dirigée vers autrui est influencée par les affects de l’acteur. Le professionnel de l’action sociale est, en effet, affecté par le client, sa situation et le cadre de la rencontre. Le client est lui aussi affecté par le praticien et les échanges qui en résultent.

Author(s): Marc Pittet

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[Articles] Zur Transformation des Sozialen: Luzerner Erklärung. Transformation du social: DéclarationdeLucerne.

In der Präambel der Schweizer Verfassung wird die Wohlfahrt des gesamten Volkes, ein universaler Gedanke aller Demokratien, als konstitutive Grundlage des Staates ins Zentrum gesetzt. Aktuell wird ihr gesellschaftlicher Auftrag jedoch durch dominierende Argumentationsfiguren in Frage gestellt. Die Art und Weise, wie über «Missbrauch» sozialer Dienstleistungen, über nicht kooperierende Sozialhilfeempfänger/innen, über Jugendgewalt, schwierige Kinder und Jugendliche oder über nicht integrationswillige Ausländer/innen, die in Parallelgesellschaften leben, geredet wird, stellen die in der Präambel der Schweizer Verfassung verankerten Grundwerte gesellschaftlicher Wohlfahrt in Frage. Denn die Lösungen, die als Teil dieser Argumentationsfiguren angeboten werden, wie Abschieben, Verwahren, Ausgrenzen, Disziplinieren, Verschärfung des Rechts, Kürzung der Leistungen, haben nicht mehr das Wohl der Schwachen im Auge.

Dans le préambule de la Constitution fédérale, le bien-être du peuple tout entier (une préoccupation universelle de toute démocratie) est central et considéré comme un élément constitutif de l’Etat. Actuellement, son mandat social est remis en question par certaines figures dominantes ou influentes. La manière dont certains parlent d’«abus» dans les prestations sociales, de bénéficiaires de l’aide sociale réticents à coopérer, de violence des jeunes, d’enfants et de jeunes difficiles ou d’étrangères et étrangers qui vivraient dans des sociétés parallèles, met en question les valeurs fondamentales relatives au bien-être social telles qu’inscrites dans le préambule de la Constitution fédérale. Car les solutions proposées dans ces argumentations, comme expulser, interner, exclure, discipliner, durcir la législation, réduire les prestations, perdent de vue le bien-être du plus faible.

Author(s): SGSA/SSTS

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[Articles] Insertion professionnelle et précarisation. Soigner la peste par le choléra.

Dans les années 80, la chose semblait entendue: la société du travail était en crise, sinon promise à une prochaine disparition. Le travail, donc, allait manquer. Un scénario d’horreur pour les uns, et pour les autres, un horizon ouvert sur une société meilleure encore à imaginer. Les pessimistes prophétisaient une société à deux vitesses qui allait exclure durablement du marché du travail une partie de la population et la laisser socialement parlant au bord du chemin. Les optimistes, eux, se mettaient à esquisser des modèles d’une société de l’activité, où le travail serait équitablement redistribué entre tous pour faire voler en éclats la pénible hiérarchisation du travail rémunéré et du travail de reproduction gratuit. Vers la fin de cette même décennie, la recherche en politique sociale venait de surcroît affirmer que l’indépendance à l’égard du travail rémunéré était l’aune à laquelle pouvait se mesurer l’efficacité de l’Etat social. Avec son fameux concept de la dé-marchandisation (decommodification), Gosta Esping-Andersen postulait que la dimension sociale de l’Etat social correspond aux possibilités qu’il accorde aux individus de se dégager, temporairement, de la nécessité de vendre leur force de travail, en leur reconnaissant le droit de conserver leurs moyens d’existence sans dépendre du marché de l’emploi.

Author(s): Eva Nadai

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[Articles] Accéder aux savoirs d’action dans la formation des travailleurs sociaux. L’exemple de la présence à l’autre.

En Suisse comme dans la plupart des pays européens, la formation des travailleurs sociaux a connu une évolution importante ces dernières années, d’abord avec son inscription nouvelle dans le système des hautes écoles professionnelles et tout dernièrement avec son adhésion au système de Bologne. Pour les différentes écoles de travail social de Suisse romande, ces changements furent l’occasion de réaffirmer leur croyance dans l’efficacité de la logique de l’alternance pour assurer une formation professionnelle de qualité. La transition vers les hautes écoles a donné lieu à un travail important de repérage et de classification des compétences à l’œuvre dans le champ de l’action sociale, par les milieux professionnels. A partir d’analyses de situations jugées emblématiques dans chacune des trois professions historiques que sont l’éducation sociale, le service social et l’animation socio-culturelle, des référentiels métiers ont été élaborés. C’est ensuite en prenant appui sur ces derniers que les formateurs ont construits les référentiels de formation, référentiels déclinant les compétences génériques et secondaires incontournables pour l’acquisition du métier.

Author(s): Joëlle Libois, Sylvie Mezzena

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[Articles] L’analyse de l’activité. Une épistémologie et une méthodologie pour étudier les pratiques en travail social.

L’analyse de l’activité est une épistémologie et une méthodologie développées dans les domaines de l’industrie, des services et des soins. Dans cet article, nous nous proposons de monter l’intérêt que cette approche présente dans le champ du travail social, alors qu’elle n’y est que très peu utilisée.

Author(s): Claude de Jonckheere

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[Articles] La recherche en travail social

La mise en place des Hautes écoles spécialisées (HES) depuis les années 1997 -1998 s’est accompagnée d’un développement conséquent de la recherche, notamment dans le champ du travail social (Telser/Vaterlaus 2005; Lepori/Attar 2006). Ce développement n’est pas le fruit du hasard, puisqu’il fait partie intégrante de la stratégie HES décidée par le Conseil fédéral en 1995. Ce dernier prescrit en effet que les universités des métiers n’ont pas seulement à fournir des prestations d’enseignement, mais doivent également effectuer de la recherche. La nécessité de développer la recherche a suscité des réactions diverses selon les filières HES en raison notamment de l’existence ou non d’une tradition en la matière, ce dont témoignent divers rapports récemment publiés (Allin/Perrin 2006a et 2006b; Meyer 2005; Vogel 2005). Selon ces rapports, le travail social, davantage que d’autres filières HES, possède une certaine tradition en matière de recherche.

Author(s): Jean-Pierre Tabin

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